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mercredi 20 mai 2015

À l'eau to loose.

Bonjour à tous.
Critiquons, moquons-nous, des riches, des puissants, des cons et mal baisants mais n'oublions jamais que la haine aveugle n'est pas sourde.

«Qui a peur du grand méchant loup, c'est pas nous, c'est pas nous. Qui a peur du grand méchant loup, c'est pas nous, du tout!»
Voilà en substance la réponse de la majorité des toulousains quand on leur parle de leur maire et de ses pratiques plus que discutables, voir carrément fascisantes, en matière de politique de sécurité haut les mains peau de lapin, pan pan, t'es mort.
Bien protégés derrière leur maisonnette faite de briques et de roques, les rois petits cochons de la ville rose chantent à tue tête de turc et à qui veut l'entendre la comptine provocante envers le loup totalitaire. Ce dernier, échaudé par les expériences désastreuses de ses ancêtres, ne passera pas par la cheminée de peur de finir en bouillie canine sous quelques molaires porcines. Il ne s'épuisera pas non plus à souffler, souffler et souffler son haleine de verve pour expulser de chez eux les moins roses des gorets. Oh que non ! Ce loup là est un malin. C'est les habitants eux-mêmes qui l'invitent chez eux chaque fois qu'ils décrochent leur téléphone rose pour dénoncer leurs voisins.
L'office de la tranquillité, bureau des complaintes anonymes, jadis instauré par le non regretté Cohen, n'est plus et s'est fait remplacer sur ordre du regrettable Moudenc par Allo Toulouse, sévices publiques similaires des délations non nominatives proposant au bon peuple tout looseur l'opportunité de convoquer chez des voisins trop bruyant et/ou mal odorant la brigade d'intervention en moto qui n’est finalement qu’une sorte de CHiPs à la française, mais sans le sourire enjôleur et le teint hâlé d'Erik Estrada.
Dans les prérogatives de cette toute nouvelle police morale des incivilités, on compte : la lutte contre les tags et les nuisances en tout genre, l'enlèvement des encombrants et des véhicules abandonnés ou mal stationnés, la capture ou l'élimination les animaux errants et insectes nuisibles, et, la cerise sur le clafouti à l'acérola, je vous jure que j'invente rien, la surveillance de votre domicile si vous souhaitez visiter votre villa aux Maldives ou votre chalet au Val d'Isère.
Enfin, il n'est pas impossible que j'extrapole. Peut-être que la maréchaussée est prête à faire le pet devant tous les appartements HML et les tous les squats associatifs de la communauté de commune. Remarque, ça permettrait d'expliquer la présence quasi systématique des cars de CRS dans les quartiers populaires sitôt qu'une bande de jeunes d'origine pas d'ici s'y réunissent à plus de un.
Paul, un petit cochon grabataire s'inquiète de voir son beau mur de briques salopé des graffitis. Ces derniers furent probablement laissés par les manifestations antipatriotiques se plaignant, sans aucunes raisons apparentes, de l'usage pourtant nécessaire de la force à l'encontre de ses mal-peignés mal-rasés malotrus qui empêche les honnêtes travailleurs du chantier de la rivière de raser les arbres qui gâchent la forêt de béton qu'annonce la construction imminente du barrage.
Il se saisit, avec tout son émoi parkinsonien, de son téléphone vengeur et compose le numéro figurant dans la gazette du bois joli dont son maire, monsieur Loup D'enc, est le rédacteur en chef, l'éditeur en chef, le maquettiste en chef, le chef du service politique, le pigiste, le distributeur, le propriétaire et le principal lecteur.
À l'autre bout du fil, la voix préenregistrée de monsieur Loup D'enc débite un message d'accueil afin d'orienter les usagers vers le service adéquat:
"Bonjour cher administré de la commune du grand bois joli et bienvenue sur le service public de délation anonyme des incivilités bolchéviques.
Vous souhaitez..."
Pause de deux secondes pour bien laisser le temps aux destinataires du message de se préparer à sa réception.
"Dénoncer votre voisin ou tout autre animal sauvage pour nuisance à l'encontre de la tranquillité de votre être intérieur ou extérieur, tapez un.
-Dénoncer votre collègue pour propos injurieux envers la police, la France, le concept d'entreprise seule créatrice de richesse ou pire, notre chère mairie et donc par ricochet notre maire adoré, tapez deux.
-Rapporter une incivilité odieuse défigurant la nature paisible et flamboyante de notre glorieuse cité, tag, mendiant, fille de peu de vertu ou voiture mal garée, tapez trois.
-Faire appel à notre service de protection de domicile principal durant votre visite de domicile secondaire, tapez votre numéro de carte de crédit."
Tout juste avant d'atteindre le cadrant rotatif de son appareil pour sélectionner sa réponse et par acquis de conscience, Paul, le porc si niais, ajusta ses lunettes double foyers pour découvrir que le mur de son logis n'était souillé d'aucune complainte à caractère gauchisant mais d'un sympathique soutient aux idées de sa jeunesse lorsqu'il participait encore à l'OAS.
Et c'est le cœur empli de nostalgie de ses années perdues que le vieil ongulé raccrocha le combiné en se persuadant que cette élan de vertueuse expression ne méritait pas l'emploi des forces de l'ordre, que les déranger pour si peu ne serait pas très civique et risquerait de l'exposer lui à une contre enquête bien compréhensible.
Toujours est-il qu'en ce qui me consterne, mais ça n'enrage que moi, je ne parviens pas à me convaincre de la capacité de nos sociétés à s'interdire de basculer dans une nostalgie de l'ordre, d'un temps où l'on pouvait proposer, pour résoudre les questions de la pauvreté, de la délinquance et de la lutte des classes, une criminalisation, pure et simple, des pauvres et de la misère, comme le préconisait Milton Friedman dans les années 30 ainsi que tous les actuels adeptes ineptes de l'école de Chicago.
Quel rapport avec notre vieux loup de maire et sa nouvelle BIT (Brigade d'Intervention Toulousaine) me diriez-vous?
Et bien depuis que les quartiers populaires des centres des grandes villes se sont vu anoblir de la présence toujours plus importante de CSP ++,  l'intolérance envers la plèbe est devenue le fer de lance des politiques d'hygiénisme visant à rendre agréable les condos payés rubis sur l’ongle et profitant d'une fenêtre sur cour.
La sûreté de la première couronne s'exprime alors comme un service public indexé sur le revenu des administrés qui en jouissent et ce en totale adéquation avec les mœurs et les coutumes des théories libérales suscitées.
Ainsi les nantis sémillants peuvent en toute quiétude réinvestir leurs quartiers chéris du centre ville et perpétuer la valse des exodes vers les banlieues des populations déjà marginalisée.
Moralité, réfléchissez à deux fois avant de vous répandre à quelque fonctionnaire zélé que ce soit car, se faisant, vous préparez peut-être sans le savoir vos valises pour une vie de cauchemar.
Et n’oubliez pas l’Idée Fixe n°17 :
«Les dictatures poussent en arrosant elles-mêmes de liquidités le jardinier qui les a fait naître.»
À bon électeur, salut.

lu à Pas Plus Haut Que Le Bord Mardi 19 Mai au Festival le vent se lève à JOB
et diffusé Mercredi 20 à 18h sur Radio Campus FM 94.0

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