Votez inutile!

Bonjour à tous.
Allez, passons rapidement sur les quelques évidences de la semaine, afin que puisse être abordé ici, un sujet bien plus important que ceux qui vont suivre, et que je ne vous dévoilerais pas dans ce paragraphe liminaire de même qu'un teaser de film n'en expose pas entièrement l'intrigue. En même temps on imagine assez mal, pour le "Sixième sens" par exemple, une bande annonce du genre ; "C'est l'histoire d'un petit garçon qui discute avec un pédo-psychiatre qui ignore qu'il est mort", ou encore, qu'une voix off déclame, sur un gros plan de Kevin Spacey à l'écran, "Bonjour, je me nomme Kaiser Söze".

Bref, ce qui est vrai pour le fil de ma chronique, ne l'est pas nécessairement pour les sujets de la semaine, donc je vais à l'essentiel ; non, il n'y aura pas d'état palestinien aux nations unis vu qu'Obama n'est qu'une couille molle ; oui, Sarko est mouillé jusqu'au cou, comme d'autres le sont au goitre, dans l'affaire Karachi et va s'en tirer sans être inquiété, du moins pas avant la fin de son second mandat ; bien sûr que le Sénat va rester en majorité à droite et que le quinze tricolore va prendre une dérouillée par les All Blacks. Voilà, comme ça c'est fait. Et puis si je me suis gourer tant mieux. Si vous avez des plaintes à formuler, voyez avec votre cartomancienne habituelle.
Ce mois-ci, une bonne surprise est venue agrémenter ma visite hebdomadaire chez mon buraliste coutumier. Ce mercredi-ci, en plus du Canard qui n'a d'enchaîné que le nom, mes yeux éberlués croisèrent les traits familiers d'un dessinateur que certains avaient enterré un peu vite. Siné hebdo devient mensuel, pour le plus grand plaisir des amoureux de la satire politique et de ceux qui ne se satisfont plus de Charlie.
Outre les articles et les dessins de presses hilarants, qui font prendre un autre sens à l'expression : "J'vais me faire un Siné.", la page des billets d'humeurs attisa ma curiosité. Et quoi de plus logique me diriez-vous. Il est normal de se préoccuper de ce que font les autres pour se convaincre que ce que l'on fait est mieux non? Toujours est-il que je parcours avec envie les mots de mes ainés pour tomber sur ceux de Christophe Alévèque, qui exhortait, en substance, à voter modestement pour un personnage bien nommé Super Rebelle, quiconque souhaiterait se torcher avec son bulletin avant de le glisser dans la cuvette...je veux dire dans l'urne.
Je passerais volontiers sur le repompage de l'initiative de Coluche qui l'a rendu célèbre en son temps, d'autant que Super Rebelle se fout des cinq cent signatures et de l'élection car Super Rebelle ne représentera qu'un clown de plus dans la course à la présidentielle. Et puis, ça serait quand même gonfler de ma part de reprocher à Alévèque de s'inspirer de Coluche alors que je n'hésite pas à faire moi-même de l'intertextualité, comme dirait Macé-Scaron, quand l'inspiration ou le temps manque à ma chronique.
J'ajoute que, vu mes lèvres pulpeuses, mon teint halé, et le duvet sibillin qui couvre mon corps juvénile ayant déjà provoquer des échauffourées au cours des processions religieuses des prêtres jésuites lors des célébrations du carême cette année, je ne pense pas que Christophe m'en veuille de le pomper ouvertement sans avaler quoi? Ses couleuvres évidemment.
La plupart des gens qui ne vote pas, dit-on, le font par désespoir de ne se retrouver dans aucun des candidats, ce qui peut se comprendre aisément. Se retrouver dans une Ségolène ou une Martine passe encore, mais dans un Nicolas ou une Marine...Beurk!
Cette abstention est un vrai casse-tête pour les politiques entre deux tours d'une élection mais une mine d'or pour les instituts de sondage qui pérorent tous plus haut que leur cul, et proposent des analyses avec des tableaux qui font jolis permettant d'expliquer pourquoi ces citoyens attentifs ne se sont pas déplacés dans l'isoloir, ou pire s'y sont rendus pour voter Batman sans choisir entre Lepen ou Chirac. Le trublion propose dans sa tribune que, quitte à voter blanc, autant que cela ne serve vraiment à rien et qu'il vaut mieux voter pour un sérieux rigolo que pour un clown qui se prend au sérieux.
En France, les gens qui ne s'expriment pas et ceux qui n'ont rien à dire sont logés à la même enseigne. Une loi proposée par un ancien guignol, Bruno Gacio, souhaite y remédier afin de comptabiliser les votes blancs en dehors de l'abstention. C'est vrai que ça paraît logique. L'imbécile qui ne se pointe pas à une partouse, malgré une invitation en bonne et due forme, est plus à blâmer que celui qui y va juste pour le champagne. Euh... Je ne suis pas sûr que ma métaphore soit des plus judicieuses.
Enfin vous m'avez compris.
Et puis cette mesure aura l'avantage de désigner à la vindicte populaire les enfoirés qui n'auront pas fait l'effort de se déplacer. L'écartèlement sur la place publique me semble tout indiqué pour dissuader ces salopards, fossoyeurs de démocratie, de s'interdire d'y participer. Non mais!
Hein? Comment? Pour qui j'ai voté en 2007? Mais... Ca vous regarde pas enfin!
Les défenseurs du projet le justifient en érigeant le vote blanc au rang d'un indicateur de santé démocratique.
Ce qui gêne un abstentionniste convaincu comme moi, c'est le caractère chevaleresque du voteur blanc.
Enfin, de toute façon d'ici à ce que les inamovibles régents élus acceptent que leurs chers serfs s'expriment autrement par un choix binaire et irrévocable, l'eau aura coulé sous les ponts et la dictature financière sera déjà bien installée. Et si comme pour l'actu, l'avenir me fait mentir, au moins tous ces incapables, des acteurs aux commentateurs, pourront se rabattre sur les analyses statistiques permettant d'expliquer pourquoi personne n'a voté blanc.
En attendant, si d'aventure vous n'avez rien d'autre à faire le dimanche des présidentielles, votez Mélenchon, si ça fait pas du bien, ça peut pas faire de mal.
A bon électeur, salut!